2 december 2015

Famille humaine: gedicht gepubliceerd in surrealistisch Braziliaans tijdschrift A Phala. vol.2

Famille humaine

Dans la carapace de mon crâne flottent
des millions de têtes de l'animal humain
en attente de ce qui va venir, le nez en alerte,
se déplaçant midi sonnant le long de vitrines
d'oiseaux-mannequins pour avoir des choses
de la vie dont ils ne sauront quoi faire
juste un machin chouette à emmener pour soi.

Je rôde dans ce tourbillon de visages défaits
quand se lève une pensée assise par terre
qui, comme un porc-épic rongeant fenêtres
façades et auvents d'un très bel appartement,
va dépasser mon entendement compatissant
en voyant bras et jambes de la foule gigoter
et une mer tourbillonnante engloutir l'espèce.

Soupe de poissons insipide dont il ne reste
que des arêtes aigus pour poinçonner
d'un numéro divers la marchandise mortelle
qui naviguera désormais sur tapis et rideaux
toiles et caleçons de la mappemonde terrestre
Il ne restera rien qu' un os brisé en morceaux.

Miettes de la fortune représentée dès lors
les yeux bandés sur une roue qui tourne
qui tourne sur elle-même, telle une toupie,
bel objet pour êtres jeunes pas encore nés
et la société dorée, affamée, bouffe avidement
l'humanité, riant à en mourir à gorge déployée.















Wilfredo Lam, La familia, 1938

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