Famille
humaine
Dans
la carapace de mon crâne flottent
des
millions de têtes de l'animal humain
en
attente de ce qui va venir, le nez en alerte,
se
déplaçant midi sonnant le long de vitrines
d'oiseaux-mannequins
pour avoir des choses
de
la vie dont ils ne sauront quoi faire
juste
un machin chouette à emmener pour soi.
Je
rôde dans ce tourbillon de visages défaits
quand
se lève une pensée assise par terre
qui,
comme un porc-épic rongeant fenêtres
façades
et auvents d'un très bel appartement,
va
dépasser mon entendement compatissant
en
voyant bras et jambes de la foule gigoter
et
une mer tourbillonnante engloutir l'espèce.
Soupe
de poissons insipide dont il ne reste
que
des arêtes aigus pour poinçonner
d'un
numéro divers la marchandise mortelle
qui
naviguera désormais sur tapis et rideaux
toiles
et caleçons de la mappemonde terrestre
Il
ne restera rien qu' un os brisé en morceaux.
Miettes
de la fortune représentée dès lors
les
yeux bandés sur une roue qui tourne
qui
tourne sur elle-même, telle une toupie,
bel
objet pour êtres jeunes pas encore nés
et
la société dorée, affamée, bouffe avidement
l'humanité,
riant à en mourir à gorge déployée.
Wilfredo
Lam, La familia, 1938
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